DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIETE Canada-Haïti : l’affaire Fantino Par Dan Albertini

24 January 2013

Entre (). Quand dans l’édition du 14-11-12 je parlais de Secrets cachés du Potomac ! Le discours de l’investiture de Barack Obama vient marquer le pas. Confirmer cette force américaine. Ce peuple, une grande nation qui sait renaître, se renouveler. Le président Obama a libéré une fois de plus cette flamme qui anime ceux qui savent convaincre. Mis à part les intérêts partisans respectifs, ce << we, the people >> ne laissera personne indifférent. C’est une Amérique qui a traversé ses épreuves, qui veut répondre en faveur de chaque citoyen en particulier, que le président Obama a livré avec éloquence. Fermons les ()

Rappel. Fantino évalue le progrès appréciable en Haïti. La présence de fatras dans la ville capitale est l’indicateur. Il fulmine car son ministère serait plus impliqué en politique qu’en diplomatie canadienne. Résultat : tempête de neige à Ottawa en verre d’eau sale à P-au-P.
C’est en effet une relation viscérale observée par tous les gouvernements haïtiens : la République de P-au-P. Celle-ci, sale, plus qu’une réflexion mais un fait, le pays est sale. Une logique. Donc, les fonds d’aide canadiens gaspillés et perdus.

La grille. Ce qui a changé pour le Canada avec Harper, Haïti l’a ignoré. La coopération existe mais avec des pays comme la France par exemple. Elle a une image qui se dévoile de plus en plus : la guerre de l’occupant. Le photographe de l’AFP l’illustre si bien au Mali, même si l’on tente de désamorcer les conséquences. Il y a des armes et des munitions à vendre. Si ce partage n’est rentable, comme en Haïti par exemple, cela s’appelle de l’aide et, Harper pose ses conditions dénoncées à même la presse locale : le financement par la religion Catholique. Au Mali c’est la guerre française contre l’Islam. Martelly n’en aurait tout simplement pas fait assez avec ses retraites ministérielles charismatiques désamorcées en visite d’initiés vaudous. Et, Ottawa le sait. Fantino ne peut le dire pour la guerre ni pour la religion, il s’appuie donc sur les fatras de P-au-P. Mais, il y a plus. La politique d’urbanisation à outrance d’Ottawa. C’est là où la vision internationale de Fantino est biaisée.

Avant de pénétrer la sphère d’urbanisation fédérale canadienne, évoquons une importante référence. Le rapport MUGGAH-Small Arm Survey 2003-2004 sur Haïti dénonçait la fabrication artisanale haïtienne d’armes. Cependant, les armes sophistiquées circulent encore plus en Haïti malgré tout. Le clan Brandt en usait-il pour les kidnappings. Ce n’est pas l’arme en soi mais le génie haïtien qui causait problème. À analyser l’intervention au Mali, le Canada et la France ne peuvent voir cette tendance haïtienne d’un bon œil, ni l’ambitieux plan de l’Armée de Martelly. La Canada en Haïti devrait être avant tout, une expertise.

Fantino. L’erreur ne vient donc pas des conseillers mais d’une politique. Le gouvernement Harper applique sa politique d’urbanisation à outrance et c’est sa seule grille d’analyse. P-au-P est le seul grand centre urbain connu à travers le monde pour la République d’Haïti. Indice conséquent. Le carnaval national sera itinérant et délocalisé cette année, au Cap-Haïtien, après les Cayes l’an dernier. Cette information n’est encore évidente ni significative comme acquis. Simple tendance pour le Canada. Mais surtout, comme axe appréciable dans un standard international, c’est tribal. La faute revient de ce fait aux gestionnaires politiques haïtiens impliqués qui n’ont pas vu la bousculade venir de loin. Car c’en est une et ni plus ni moins. Et, préparer, amortir le coup, en démontrant, en opérant, en honorant. Parenthèse utile, même si Paul Martin est Libéral, mais il est Canadien. Martelly l’a ignoré malgré notre avis émis depuis Préval et répété à son intention, car Michaëlle Jean GG était un honneur pour Haïti.
Haïti a ainsi carrément accusé les ONG. Et, traité le gouvernement canadien de << méchant >>. Faute diplomatique grave. Ils ont aussi induit la population en erreur, en mettant en péril les responsables des ONG opérant dans les communautés profondes. Pire, démontré l’ampleur de leur mensonge dans cette sottise de diplomatie d’affaires opérante. Mendicité honteuse.

Pourquoi fallait-il appréhender et percevoir ? D’abord les restrictions budgétaires au niveau même de la diplomatie canadienne qui abandonne l’axe franco-africain. Ensuite, la coopération diplomatique et consulaire monarchique avec l’Angleterre par comptoir partagé. Un indice de grands ensembles qui se répercutent dans le détail des sous-ensembles. Et, pour finir, les différents avec le partenaire mexicain de l’ALENA. Que faisions-nous alors ?
Il appert que Montréal abriterait plus d’une vingtaine d’employés au consulat général d’Haïti dont les compétences sont : femme de ministre, copine de sénateur et de députés corrompus, le tout négocié par un Lamothe aspirant PM. << tou-t- moun jwen >>. L’ambassade à Ottawa jouerait-elle la même partition ! Grand écart proportionnel par rapport à New York qui héberge 42 employés d’après le responsable du personnel, Jean Baselais. Des rumeurs voudraient qu’à Orlando se trouve la femme de l’ancien chef de police Andrésol. Et plus encore. C’est en pratique lié mais c’est un autre aspect du dossier. Car Montréal-Ottawa sont directement concernés par l’affaire Fantino.

Lamothe donc, dans le ministère Planification et Coopération Externe, est un autre grand fiasco sur les traces de la mensongère diplomatie d’affaires dissociée de l’objectif des missions consulaires par définition.

Fantino a malgré tout péché contre ses principes. Si le Canada favorise la construction d’unités carcérales et de commissariat de police en Haïti, ce n’est malheureusement pas une carte de relations publiques intéressante quand on est perçu parmi les meilleurs pays au monde. De plus, un tour d’horizon au pays démontre la pauvreté des relations fédérales avec les populations éloignées et avec les Autochtones. Seul l’Alberta aurait contourné ce problème par une plus grande richesse exploitée.

Le ministre québécois, Jean-François Lisée au Delhi Sustainable Development Summit ce vendredi, démontre déjà à travers la presse francophone, un profond différend avec Jean Charest qui s’y rendra aussi. Ce sont les mêmes couleurs des relations d’Ottawa avec le Québec en qui, par défaut, Haïti croit trouver un bon allié stratégique. Il y a des leçons à tirer.

C’est dans cette logique que, pour la réputation de la République dans le dossier de la présidence de la CARICOM que nous respectons, le président élu bénéficie d’un espace tampon de 6 mois inclusif au 1er janvier 2013. Le besoin d’expertises internationales est à ce point vital pour la relève, pour ne pas perdre l’opportunité.
Cependant, garder Lamothe signifie tout simplement Martelly démissionnaire. L’international en sera informé at large.

En guise de conclusion. Je ne tente, soit de défendre le gouvernement Harper ou le ministre Fantino et de là, condamner le gouvernement Martelly et la ministre Jean-Marie, ni de justifier celui-ci pour condamner celui-là, par opposition. Mon objectif par contre est de démontrer ici, l’incapacité de la diplomatie haïtienne d’apprécier une politique étrangère en relation à une politique intérieure d’un pays ami, en particulier d’un coopérant.
lovinsky2008@gmail.com