DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIETE Par Dan Albertini

31 December 2012

L’Afrique de Boni Yayi
Entre (). Port-au-Prince, grosse tractation régalienne pour un changement de garde avant les Rois ? Le MAE dans l’air du temps. Fermons les ()

Cotonou. Le professeur Tévoédjré avait prétendu renverser des barrières au nom du président qui lui avait confié un mandat. Célébrer le cinquantenaire des indépendances africaines. Si Césaire mort avait été rappelé en grand renfort pour une minuscule déclaration, son héritage n’a pourtant pas secoué cette Afrique au << mimétisme colonialiste >>. Oui l’occupant, le Béninois n’est en fait maître chez lui. Histoire révélée du CFA. La déclaration de principe s’est malgré tout attachée à Césaire. D’où une forte probabilité. La 2ième célébration sera à la hauteur de la 1ière. Si le Cameroun avait dû par une confession de foi éloignée, confesser de l’élite haïtienne dans la réalisation du Noir contemporain, aucun officiel haïtien de haut rang n’a été représenté ou présenté, hormis l’insignifiante présence du Chargé d’Affaires, Jean Especa. Remarquons que l’intellectuel Claude Ribbe n’en a fait d’autocritique à ce jour. Cela a peut-être donné Taubira en France mais, qui sait que si celle-ci en s’obligeant à Césaire ne s’était tout simplement pas sous estimée, comme il lui a été dit : << soyez vous-même de préférence >>. Son parti l’a élevée au rang de titulaire d’un important portefeuille, moins scandalisé que les débuts sarkozysme. C’est ainsi que de Tévoédjré à Yayi, on avait peut-être nourri un espoir. Une conviction. Une certitude. Mais certainement pas sur celle-ci.

Quand Tévoédjré a ouvert les assises en 2010, la thématique proposée était-elle une notion en soi ? Sa vigne n’a pas moissonné depuis, malgré la présidence de l’UA qui a suivi. Dakar, l’autre médiatrice du littoral, s’est dégarnie en influence dans l’Affaire Sall-Wade. Le Continent a subi un coup de semonce par la mort du colonel Kadhafi. Et, Ouattara a carrément sapé les espoirs ivoiriens, bousculant Gbagbo en s’associant à l’ancien occupant. Le cacao ivoirien offrait mieux lors de la présentation du ministre des finances (désormais sur le banc) à Genève en 2010. La RDC est à l’image de l’héritage Sese Seko. Que reste-il donc sous son << figuier >>, pour citer Jéroboam le Namibien ? Même si nous devons apprécier la réplique de l’ambassadeur zimbabwéen en présentation de l’UA à Genève en 2010.
L’occasion n’est pour nous de dénigrer, de saper les efforts du gouvernement haïtien dans ses démarches alors qu’Ady Jean-Gardy prétendant des bons offices à Addis Abeba au nom de la République, sollicitant de cette même Afrique en retard de l’aide pour Haïti. Mais, Port-au-Prince est redevenue ingouvernable, sans ressources. Et, Yayi est encore dans l’espoir du vaudou haïtien pour rentabiliser en authenticité. Sans pouvoir réhabiliter pour l’Afrique, l’ancien ministre ivoirien du cacao. Ce sont des faits qui parlent.

Considérons les besoins de ressources africains. On se résume à un standard, chaque autre état ou continent développe ses atouts, en matière de ressources humaines et naturelles. Qui donc ignore aujourd’hui les liens qui unissent Haïti par sa nouvelle extension à l’UA ! Les expertises ne sont malheureusement à ce rendez-vous des besoins vitaux, pour un partage conseillé. Nos sociétés respectives s’enferment dans des paradigmes mythologiques plus que scientifiques. Le pire, nous y prêtons trop souvent foi. Alors, qui de l’Afrique, ou d’Haïti, n’aimerait pas se rendre à un comptoir aéronautique ou de TGV, choisir un transport sur balai, sur tapis persan, en pleine période estivale, du nouvel an. Pour visiter les siens surtout quand un grand parent quitte sans dire au revoir. La réalité de nos représentations diplomatiques à l’étranger est claire. Il faut payer ce billet au prix d’une haute saison et, c’est Boeing ou Air Bus qui thésaurise en attendant la puissance chinoise. Nos transferts d’argent. Western Union, n’a de comptoir vaudou à l’horizon. L’Afrique de Boni Yayi serait-elle à ce point en retard dans les promesses, dans l’espoir et dans la réalité ?

Espoir. L’espoir est-il permis à Yayi quand sa politique intérieure ne fait de lui un champion dans la logique de la modernité ! Comment atteindre des résultats continentaux ? Il n’est plus question d’un dialogue mais d’une profonde déception car la pensée d’un siège au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est carrément fracassée avec le départ de Sarkozy, les amitiés sont à refaire avec un agenda plus serré, avec des mensonges différents et conjoncturels. La voix de Taubira suffira-t-elle ? Yayi n’a rien outillé en ce sens.

Conviction. Personne ne saurait juger le professeur sur ses convictions ni le président Yayi. Le professeur avait osé autrefois avec ses compagnons de lutte : Moumié, Nkruma, Diop, Chapchet, etc. à une époque où il était encore interdit d’espérer. Ce serait même pire qu’un procès d’intention. Aujourd’hui nous sommes convoqués par des obligations de résultats dans un monde tellement plus complexe qui ne pardonne mais qui réclame. Meurtrir le faible malgré les conventions signées. Ce que le Québec politique appelle le confort dans l’indifférence. Cependant, la mesure Tévoédjré sera évaluée par son héritage plus tard mais par des indices révélateurs aujourd’hui même. Aura-t-il assuré la relève ou tout simplement se serait-il contenté d’une zone grise personnelle ? Le Symposium de Cotonou révélait un professeur arrogant quand il s’agit d’imposer à la jeunesse, une feuille de route déjà tracée alors qu’on en appelle à leurs savoirs et à leur avenir. Était-ce là le défaut du révolutionnaire, l’arrogance culturelle du grand frère ou tout simplement l’imposition d’un négociateur soumis à l’ancien occupant ? A chacun sa thèse et sa théorie, mais c’est aussi à ce titre que l’on jugera l’héritage de Yayi qui lui avait confié ce mandat. Répétons, pour quelle conviction. Car, si l’UA n’est marquée à jamais après cette présidence béninoise, les compétences de l’économiste, les convictions du politicien qu’est Boni Yayi feront, l’objet de vives critiques, comme il les adresse à ses prédécesseurs. C’est réducteur.

Certitude. Nous en avons une, Boni Yayi partira en 2014, il ne peut plus briguer. Nous savons aussi qu’il ne sera pas un homme d’état du calibre du président Obama. Nous avons aussi la certitude qu’il restera encore longtemps béninois s’il devrait devenir Africain par la force des choses. Il n’est maître d’aucun agenda et n’a rien d’un agenda à la manière de Louverture. Le Béninois restera béninois à la fin de son mandat, avec la pauvreté comme pensée moderne. Le professeur Tévoedjéré aura en ce sens peu fait, beaucoup moins que les espoirs le permettaient, quand il aura été haut gestionnaire dans le système onusien.

L’amitié Sarkozy. Yayi disait à Genève que l’Afrique parlerait d’une seule voix, son ami Nicolas était favorable au siège africain, au Conseil de Sécurité. Avait-il prévu un agenda exclusif, finançant personnellement son ami pour ce faire, ignorant la probabilité Hollande ? Se trouvant les deux pieds joints aujourd’hui, aux frais de l’Afrique et du Bénin ? Si le calcul de l’ancien banquier africain se résumait à un mimétisme réducteur, il y aurait lieu de s’interroger sérieusement sur ses capacités réelles, même pour son pays d’appartenance.

Que reste-t-il donc sous le figuier ? La vigne de Yayi n’a pas encore produit que dire de suffisant pour alimenter en boutures et en sarments. Espérant que le figuier du professeur Tévoédjré ne sera desséché avant l’heure, il est à souhaiter que la République d’Haïti se réveille pour produire, une fois de plus, à l’image de 1804, cet effort tant souhaité par le président Chavez du Venezuela et par Castro, qui motive tant les autres, 209 ans après la révocation du génie du Code noir. L’âge de la dette africaine envers nous. Adieu Yayi !

lovinsky2008@gmail.com