Kofi Annan jette l’éponge ! Il ne renouvèlera pas son mandat qui expire le 31 août prochain. Sa démission jette une lumière crue sur le blocage diplomatique et sur les dissensions qui règnent au sein du conseil de sécurité de l’ONU.

3 August 2012

« J’ai fait de mon mieux » C’est par ces mots que Kofi Annan a débuté la conférence de presse qu’il a donnée à Genève peu de temps après l’annonce de sa démission. D’ordinaire calme et posé, l’ancien secrétaire général de l’ONU n’a pas cherché à dissimuler sa déception et a expliqué ne "pas avoir reçu tous les soutiens que la cause méritait" et évoqué des "divisions au sein de la communauté internationale, en particulier au Conseil de sécurité de l’ONU. Tout cela a compliqué mes devoirs", a-t-il affirmé. –Depuis le début de la crise syrienne, les 15 membres du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les moyens de régler la crise. Moscou et Pékin, des alliés inconditionnels du régime de Bachar al-Assad, ont utilisé leur droit de veto contre trois projets de résolutions.

Mr. Annan a critiqué le fait que le Conseil de sécurité de l’ONU n’ait pas immédiatement "endossé" les conclusions de la réunion de Genève du 30 juin dernier lors de laquelle les Etats membres du groupe d’action sur la Syrie s’étaient mis d’accord sur les principes d’un processus de transition politique dirigé par les Syriens. « Je ne peux vouloir davantage la paix que les protagonistes et que la communauté internationale, a-t-il déclaré. Le président syrien « devra partir dans le cadre d’une transition », a-t-il affirmé en excluant toute option militaire extérieure. Il a dénoncé l’absence de volonté du gouvernement syrien, mais aussi de l’opposition, à engager un processus de règlement politique. Son plan de paix en six points pour régler le conflit en Syrie, qui prévoyait une cessation des combats entre gouvernement et opposition armée et une transition politique, n’a jamais pu être appliqué.

Après avoir exprimé sa "très profonde gratitude à M. Annan, pour ses efforts courageux et déterminés" et son "profond regret" de le voir partir, Ban Ki Moon a indiqué avoir entamé des consultations avec le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi pour "nommer rapidement un successeur".

Kofi Annan avait été nommé envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie le 23 février dernier. La mission d’observation mise en place en avril dernier, vient d’être réduite de moitié (150 hommes). Le Conseil de sécurité a reconduit le mandat de la mission d’un mois, jusqu’au 19 août. Si les conditions de sécurité et les circonstances politiques ne s’améliorent pas, la mission pourrait être dissoute. En revanche, si les bombardements cessent et si la violence à l’égard des populations civiles diminue, l’ONU pourrait envisager une présence –sous une autre forme ? après le 19 aout.

Pour Gérard Araud, le représentant permanent de la France, qui préside le Conseil de sécurité pour le mois d’août, « la position irréconciliable des membres du Conseil est grave pour la crédibilité du Conseil mais avant tout et surtout pour les syriens. « J’ai le sentiment que nous n’avons jamais eu de processus politique et que c’est la logique militaire qui l’emporte,» a-t-il déploré.

Selon Herve Ladsous, le patron des opérations du maintien de la paix : « les violences augmentent et nous avons des raisons de croire qu’une bataille majeure est sur le point de commencer. »

Depuis le début des combats, les violences ont poussé des centaines de milliers de syriens à fuir et provoqué une crise humanitaire grave: trois millions de syriens auraient un besoin urgent d’une aide alimentaire. Depuis mars 2011, le conflit a fait plus de 20,000 morts.

Célhia de Lavarène, Nations Unies, New York, le 2 aout 2012