DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIETE Par Dan Albertini Québec-Canada : un cadavre haïtien dans les tiroirs du coroner Jean Brochu

31 July 2013

Entre (). Un cadavre embaumé, dans un froid tiroir diplomatique n’est pas nécessairement dû à un empoisonnement russe, à Londres. Vivant, s’il était juge en Haïti, il devrait être constitutionnellement haïtien de naissance. Mort, s’il est au Québec, il était de toute évidence d’origine canadienne. Si procédure régulière, donc des liens consulaires bilatéraux et de société. Imbroglio, alors il y aurait des relations diplomatiques sulfurées. Un fait, la polémique s’enfle au vitriole entre Haïtiens. Fermons les ().

Mort suspecte. Nous ne sommes pas dans le roman de Robin Cook, exposant un cas d’enlèvement illégal d’organes par un important institut de recherches médicales à Boston, en faveur de clients potentiellement cousu d’or. Non, le corps serait arrivé au Québec avec tous ses organes. Nous ne sommes non plus dans un cas d’empoisonnement comme celui de Félix Moumié arrivé au HUG. Le corps est arrivé embaumé. Mais, la polémique s’enfle.
Première polémique, Jean-Serge Joseph est décédé sous le titre de juge d’instruction haïtien en exercice. Le cadavre est pourtant rapatrié au Québec en tant que d’origine canadienne.

Deuxième polémique, le constat de décès mentionne une hémorragie intra-parenchymateuse (ACV), la famille, un avocat proche du défunt et, une certaine opposition politique, évoquent carrément un empoisonnement. Mort suspecte.

Troisième polémique, rumeurs, diffamation, désinformation, manipulation politique, accusations grossières, vs déclarations gouvernementales. Ce sont les colonnes, les ondes cybernétiques mensongères, contre la version légale de l’institution du coroner du Québec.

Que dit donc le Coroner du Québec ? Si la polémique s’enfle autour de cette mort, nous avions voulu savoir, un peu plus que la rumeur. Fait : le rapport médical du défunt dit-on, définit une hémorragie intra-parenchymateuse comme cause de décès. Le corps a été rapatrié au Québec sur demande de la famille, pour besoin d’autopsie et, autre à caractère social. Celle-ci aurait saisi le Coroner du Québec, le dossier a été identifié au No. A-321992. Le cas est présenté comme suit : un québécois décédé à l’étranger, avec rapport médical concluant un ACV. Les membres de la famille ont déclaré la mort suspecte, d’où, le Coroner du Québec. L’autopsie a révélé la même cause décrite du constat de décès, d’après une entrevue réalisée avec le médecin coroner responsable, Jean Brochu qui affirme n’avoir émis d’autres versions. Des examens toxicologiques s’en suivront parallèlement mais, avec mince possibilité de conclusion rigoureuse, car le corps avait déjà été embaumé en Haïti. Le rapport définitif ne sera pas réalisé avant l’automne prochain.

Qui était le Juge Jean-Serge Joseph ?
Dans les faits, Jean-Serge Joseph est était un ancien journaliste, qui écrivait sous la forme de commentaires. Il intervenait sur des sujets aussi divers que la culture, l’économie, la politique, l’immigration, l’intégration, la fantaisie. Humain, il avait ses préférences par exemple pour le MIDH Canada, mais se voulait adepte de la méthodologie. Professeur suppléant à l’UQAM, il impressionnait souvent des étudiants passionnés en sciences politiques. Jean-Serge se voulait pragmatique, son expression préférée était : << acta non verba >>. Il était bien urbain (des grands centres tels que Montréal) mais, resté profondément attaché à la ruralité. Un pied en politique avec la connaissance de l’ancien maire Evans Paul et de Samuel Madistin, il soutenait en même temps une affection pour un centre communautaire qu’il aurait fondé dans un cartier de Montréal-Nord. Motif : accompagner des jeunes, Haïti au cœur. Il se voyait mentor. Il finit par répondre à l’appel du cœur, à la République, partit, devint Juge d’instruction. D’où la première polémique. Juge haïtien au moment de cette autre polémique, sur le double résonnance, à cause d’un article de la Constitution. Extrait : << pas d’autre nationalité au moment de la nomination >>. Qui d’autre le savait, pourquoi ne l’a-t-il pas refusé, cela lui enlève-t-il sa rigueur, son crédit, ou sa légitimité, mais surtout, sa pratique ?

Dans les faits, il aurait tout simplement pu être à ce titre, juge québécois. Comme Daniel Dortélus en Cour Supérieur au Québec, ou, une femme, nommée juge administrative.

Deuxième polémique. Le doute persiste-t-il autour des premiers résultats du Coroner, soit par l’autopsie réalisée ?
La logique veut que la famille du défunt ait été en relation de confiance absolue avec le Coroner du Québec, pour lui avoir demandé de se saisir du dossier désormais identifié au No. A-321992. Ce serait d’abord inconséquent, ensuite une insulte grave, que de jeter aujourd’hui un discrédit sur la rigueur du travail du Coroner. Ce qui par effet de causalité, jetterait un doute, soit les compétences du médecin coroner Jean Brochu, soit sur la stabilité émotionnelle de la famille du défunt. Dans cette conjoncture et pour cause, ce ne serait pas les services consulaires haïtiens qui iraient contester le Coroner du Québec, et, mieux encore, la Diplomatie haïtienne qui crierait au scandale, surtout que le juge haïtien était en fait canadien.

Explorons encore cette logique. Les doutes émis et nourris aux dépends des médecins de l’hôpital Bernard Mevs, devraient conséquemment écarter, toute une certaine clientèle qui désormais n’irait s’y faire soigner, chez les bouchers, semble-t-on vouloir dire, chez une certaine clientèle politique. Si les références de l’hôpital demeurent une destination convoitée, en terme d’urgentologie, de soins intensifs ou d’hospitalisation, la logique voudrait d’une part, que les accusations soient farfelues et d’autre part, que les accusateurs ne soient crédibles. Nous n’exposons que la logique, à moins d’une preuve contraire.

Troisième polémique, suspicions. Le Canada profite-t-il de cet évènement, pour exercer des pressions sur le gouvernement haïtien, en vue de le forcer à réaliser des élections tel que prévu ? Seule la diplomatie canadienne détiendrait cette réponse.
Mais, qui paiera le prix d’un doute alimenté. C’est Haïti qui en pâtira encore une fois, car le Canada pourrait par intérêt croisé, alimenter le doute, d’autant plus que cela lui fournirait un espace de manipulation par rapport au PQ, dans les Relations Internationales avec le Québec, en la personne du ministre titulaire, Jean-François Lisée. Ce qui ne serait pas bon pour le crédit du Québec dans d’autres sphères de discussion. Mais, une fois de plus, c’est Haïti qui paiera cette facture du chantage, de l’ingérence et, de la mauvaise réputation incidemment sur le tourisme. Car le Québec est instrumenté pour se défendre. Par extension, aucun gouvernement qui s’en suivrait à Port-au-Prince n’éviterait les conséquences.
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