SUR LA ROUTE DU CINEMA Par Dan Albertini ALORAL pas Albuquerque

1 March 2013

À chaque carnaval revenir sur Dardamelle, j’aime ! Non pas me dédouaner des obligations de l’inspiration, mais par affinité. Cela concerne un trio infernal : Ferandel-Verneuil-Pagnol. Je ne sais si les Italiens l’ont fait mais le carnaval y trouva sa place sur la route…, grâce à la face à Pagnol, on appelle ça une époque. Si un char dans une certaine conception ne peut rouler sur écran géant, à Port-au-Prince, on l’y a forcé sur trois. Là, c’est une autre époque, c’est une affaire qui fait taire le carnaval, avec la rudesse d’un clair obscure. Non pas celui des arts. Les arts dans Dardamelle. Le fait que la femme de l’architecte qui se crut maligne avec l’avocat amant. Ignora qu’un architecte par définition est expert en couleur autant en couche. Donc des formes. Ainsi, que l’affaire se passe dans la tête d’abord avant de se passer au lit. D’un autre. Elle rivalise en imagination ? Mais la création est du domaine de l’architecte ! L’a saupoudrée avant qu’elle ne le pense. Ça fait un peu pervers, soit. Et, en période carnavalesque, est pervers celui qui prétend ne pas l’être. Dans ALORAL, la débauche matérialisée se réclame d’une sobriété face à la meringue. Don Kato fait atterrir la colère du Roi clair obscure malgré lui. Loin des arts, le Roi se meurt. C’est la censure !

Cette piste nous conduirait vers tellement d’avenues dans le cinéma. Je ne saurais alors dire si nous sommes ALORAL ou, à Albuquerque, que la meringue accélérée ressemblerait à une polyphonie. Je pense au compositeur Marc Mathelier. J’aimerais le voir analyser la piste musicale, soit pour son lyrisme, soit pour les octaves. Cela va de soi, il n’y a pas d’espace de silence quand la population se déhanche dans la rue c’est l’autophonie. Ce n’est plus la pensée qui prime. Mais, quand celle-ci traverse les rues sous forme de masse populaire émancipée, le vert des branches est à terre. C’est-à-dire, le rameau des oliviers arrachés n’est un rameau d’olivier tendu. Je reste donc volontiers sur, la piste est musicale, le clip officiel fait foi. J’ai tout révisé, pas de fanfare, donc pas de place du marché non plus. Et pourtant la salade est vendue. L’originalité est d’ailleurs, elle est Djakout Mizik. C’est le prix musical en terme de meringue stricte. Entrtainante, fait pour la cavalerie engagée. Le symbole du ‘’char ONE’’ associé à celui de la femme enfermée dans la cage, qui ne perd en agilité. Les images et les symboles se rivalisent. Roi clair obscur n’a pourtant rien compris sur le champ... .

Je dois souligner un fait sensible, un clip ne fait pas du cinéma. Cependant, quand le lyrisme s’ajoute sur la piste, quand le langage crée la situation, quand le verbe provoque le suspens, quand la réplique s’introduit graduellement, nous avons en place des ingrédients assurés pour le cinéma. Brothers Posse par son lyrisme a fourni du pain sur la planche. Ben, les metteurs en scène. Sa musique n’est pas un grand classique. C’est en effet une meringue qui provoque une telle colère chez le Roi que le social ne peut se plaindre de ne pas avoir été enrichi soit pour le mardi gras, soit pour le carnaval. Je me plaisais tellement de penser à Dardamelle dans mon confort que la curiosité m’impose désormais une autre partition pour le cinéma de carnaval. ALORAL. Dire que Voltaire qui n’est pas François-Marie Arouet, devra attendre une autre décennie avant de comprendre que le cinéma ne s’étudie pas seulement pour les besoins du Conseil des Arts du Canada, ou sur invitation au Black Caribean Film Festival de New York.

J’oubliais. Albuquerque est une piste superbe de carnaval en Espagne, où les masques tombent. Une réplique à New Mexico, au Portugal, plus dix villes sœurs. Le carnaval étant ce qu’il est, le peuple doit s’amuser, c’est la logique d’une activité ludique créée par l’église.
Merci d’y croire !

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