SUR LA ROUTE DU CINEMA Par Dan Albertini LE BRUIT DE LA DERNIERE NUIT. D’après les séquences inoubliables d’une vie d’adulte

16 October 2013

L’histoire se passe versant-Sud, creux du bassin tranquille de la ville voisine de Middletown. Dans un état près du Massachusetts. L’Hôtel de ville est situé en sommet arrondi d’un trapèze inversé comme en déversoir au milieu d’une crête, au sein de la fourchette (à fondue) qui propose soit la bibliothèque municipale à gauche, soit Main Street à droite, et la tige inondant les rails qui coupent la ville. Le visiteur ne peut manquer ce grand édifice comme un fort perché défiant, dont la face blanche jure depuis le bas de l’autre col, avec sa coupole dorée. C’est le rond point préféré d’un homme, pour l’horloge. Un écrivain. L’endroit est cerné d’églises. Anciennes, les citoyens sont très religieux. Une femme ne prend plus la sainte communion, la cause, elle a un amant, cet homme. C’est le calme apparent, pourtant le feu de la passion ne déchire, mais se partage entre les deux. Rien de visible, il est discret. Les personnages sont réels, les sensations sont vécues, fortes, la peine et l’amour sont interdits. Le lecteur décidera si c’est l’affaire de la psychanalyse, d’un drame sentimental non violent car les êtres s’aimaient, ou d’un fantasme chez monsieur tout le monde. L’histoire !

Quand j’étais sur le point de partir vers d’autres horizons, je pensais au pétrole du Venezuela comme première carrière. J’aimais déjà le cinéma, avec mes désirs cachés. Je me voyais déjà technicien sur une plateforme pétrolière, des vents, la marée à l’aube, une tasse de café noir, la richesse. On en parlait évidemment. Et, cela faisait des envieux qui ne couvaient cette ambition que par le manteau de la peur. Je pensais aussi aux tankers pétroliers, aux ponts de bateaux marchands jetant l’ancre. Pénétrant un port. Les femmes, la fête. J’ai vu l’avion, mais un peu plus loin dans la vie, avec son train d’atterrissage, ses ailes étalées, vomissant des touristes sur le tarmac. Il n’y avait encore de passerelles connectées. Rien de ça n’est arrivé, pourtant j’ai vu le monde en pigeon voyageur. Je réalise aujourd’hui que j’avais en main, des rêves majeurs mais aussi un scénario pour réaliser un vrai long métrage. Je suis encore à l’écriture et au micro, j’ai fait évidemment un peu de caméra. Mais, pas celui d’un plateau de tournage. Fantasme. N’allez pas croire que je suis au regret, d’autant plus que j’ai perdu ma dernière bien-aimée, je m’y plais non de cette perte mais du parcours. Je vais même au cinéma, voir ce que font les autres. C’est dans ce contexte que je mets là en relief ce que j’ai vu, j’eus dit de l’histoire du cinéma autrefois, mais je dis : SUR LA ROUTE DU CINEMA. La caméra me transporte dans la vie érotique d’une femme. Un homme assis, pensait ainsi.

Nous sommes dans l’œil de la caméra. L’obscurité suit son ombre. Elle et l’amant, pourtant se voient. Loin de l’embarras de la clarté du jour, dans la complicité de ces ébats amoureux féroces qu’ils partageaient depuis peu. Le sens du toucher, des mots, un autre œil. La femme, nue, il reniflait son souffle. Proche, mais l’entendait à distance, il comptait les battements du cœur. Le pouls résonnait, il ne fallait pas que ça finisse. Il faisait chaud. Elle transpirait ce soir-là. L’un allait céder, avant l’autre. Mais, l’autre, pervers, se réservait la fin, tout un plat, sachant que celle-ci allait lui rendre sa rage de la jouissance. Ce n’est pas de la pornographie, la caméra est imaginaire. Car, il faut capter éros au réel. Il le lui avait écrit, dans une autre histoire. Quand l’homme arriva, flanqué serré sur les fesses de sa compagne, le tonnerre n’eût mieux fait. Tant le bruit dans sa tête pulsait, d’émotion, de jouissance. Surtout de désir.

Je vous assure que le film n’est porté à l’écran, c’est la puissance d’un récit que j’ai capté. L’écriture règne en maître.
Le son. Elle se retenait péniblement pour ne laisser couler ni son désir, son amour lui était interdit, ni sa jouissance, toute la maisonnée n’était nécessairement endormie, ni adulte. Pourtant la violence de la retenue vibrait, plus forte que les émotions qui la traversaient dans son corps de femme en ébullition. L’effet d’un coup de cravache claquant de velours. Il n’était point question de voir mais d’entrevoir, un reflet de clarté trahissant des courbes, plus bas c’est l’ombre, noir. L’imaginaire était convoqué, enrôlé. Comment définir ? Cette violence s’était découverte, spontanée, depuis le soir de croisière dans les eaux de la baie d’Hudson. Ah, quand les masques tombent ! Il n’y avait plus de retenue entre eux, malgré la présence des autres fêtards. Le vin aida. Le lendemain, elle l’instruisit sur émotions, sur sa position préférée aussi, lui révélant du même coup toute sa rage folle de le prendre en chasse, de le dévorer. Son dos brûlant de fièvre, contre sa poitrine, elle se fit embrasser. La tête tournée, à moitié, visiblement inclinée, elle affronta la frontière de la peur, de l’inconnu et de la retenue. Elle se livra, ainsi, vertical, dans cette position. L’expression disait : << prends-moi >>. Le visage parlait : << comme ça >>, percuta ses tympans. Les mains aussi. Il savait à ce moment précis, que tout le scénario était déjà écrit dans le treizième chapitre qui décrivait la lettre érotique trop osée que le prince écrivit à sa bien-aimée, dans un Prince Sans Couronne Au Palais. Il connaissait le scénario par cœur, il le vivait, là.

Il avait compris le sens de ses désirs de son amante depuis lors. Et, c’est dans cette position, elle plaqué le ventre contre le matelas, couverture en velours rouge vin, lui, l’écrasant voluptueusement en massant ses seins nus, et, mordillant par l’arrière la fermeture gauche de ses lèvres, prise relâchée, puis toute vapeur sur les lèvres, comme un fauve qui retient sa femelle. Un félin. Elle, gloussant de désir, repoussant, s’étala, avant de lui réclamer sans mot dire, le fruit de l’interdit. Un langage.

Si vous aviez vu la proximité de la caméra dans Elle Etaient Cinq, pas le crime mais l’angoisse. Sauf que les personnages ne sont pas des Blancs. L’angoisse qui pétrissait les tripes s’appelaient : désir de la chair. Tout interdit tomba, la retenue définitivement. Elle devenait fauve. Aussi. C’était le bruit de la dernière nuit. Elle avait acquis de droits sur lui.
Qui pouvait imaginer que le lendemain, tout allait s’estomper. Par la faute d’un mot. Un simple mot. Encore. Le même pourtant la nuit, avait tout un autre sens.L’homme se leva et repris la route. Le metteur en scène renvoie sur cette image. Un récit.

Qui donc a conclu ainsi : l’homme, vous ou moi ?
Le cinéma possède tous ses atouts certes, je ne suis encore cinéaste depuis tout ce temps, acteur non plus. Je me sens naturellement confortable dans l’écriture et, je demeure persuadé, que sans l’écriture, la route du cinéma aurait du bruit comme son, de la musique peut-être, une autre forme d’écriture. Mais serait sans parole. Cartoon Network ne s’y plaitrait.
Merci d’y croire !

lovinsky2008@gmail.com