Conséquence de la pandémie mondiale, les Nations Unies font profil bas pour leur 75e anniversaire. Pas de célébration en grande pompe, comme ce fut le cas en 1995, pour le 50e anniversaire de sa création.

14 September 2020

La semaine la plus importante de l’année aux Nations unies, celle du débat général, a débuté sous le signe de l’ennui. Cette année, en raison de la pandémie, aucun des 193 Chefs d’Etat et de Gouvernement habituellement attendus, ne prononcera de discours enflammés à la tribune de l’Assemblée générale. Il faudra se contenter de « subir » des discours préenregistrés et réduits en longueur (pas plus de 15 minutes). Les dirigeants ont été invités à envoyer des vidéos préenregistrées de leurs discours, lesquels seront diffusés en direct. Seuls, les représentants permanents de chaque état membre seront présents physiquement dans la salle de l’Assemblée générale pour introduire en amont, le discours de leur chef de gouvernement.

Mais ce qui fera le plus cruellement défaut, c’est l’absence de rencontres bilatérales au cours desquelles des dirigeants, à l’abri des regards, discutent et parfois parviennent à s’entendre sur des différents qui les opposaient depuis fort longtemps. « Les idéaux des Nations unies - la paix, l’égalité et la dignité - sont les phares d’un monde meilleur. Mais l’Organisation que nous célébrons aujourd’hui n’a vu le jour qu’après d’immenses souffrances », a déclaré le Secrétaire général Antonio Guterres, qui a lancé un débat populaire qui «promet d’être la conversation mondiale la plus vaste et la plus approfondie jamais menée sur la construction du futur que nous voulons». L’événement, organisé au siège des Nations Unies le 21 septembre, se déroulera également en ligne et à distance et visera à «susciter un soutien renouvelé en faveur du multilatéralisme», une question que beaucoup estiment de plus en plus urgente à l’heure où le monde est confronté à la pandémie.
Toujours en tête de l’agenda des Nations Unies : les objectifs de développement durable (ODD) -les 17 objectifs convenus au niveau international pour réduire la pauvreté et maintenir la paix, tout en protégeant la planète. De nombreux experts, dont Amina Mohammed, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, estiment que la «pandémie n’a fait que souligner avec plus de détermination pourquoi ces ODD sont si importants».

Faire face à la biodiversité mondiale, un autre des grands défis: La biodiversité de la terre, sa riche variété de vie, décline à un «rythme sans précédent», met en garde l’ONU. Plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, deux milliards d’hectares de terres sont actuellement dégradés et 66% des océans, 50% des récifs coralliens et 85% des zones humides ont été considérablement et négativement touchés par l’activité humaine. Un grand sommet international destiné à discuter des moyens d’inverser la détérioration accélérée de l’environnement naturel et de ses effets néfastes sur la vie des populations devait se tenir cette année à Kunming, en Chine, mais il a été reporté à mai 2021. Pour la remplacer, une journée de réunions virtuelles aura lieu sous les auspices de l’Assemblée générale le 30 septembre (voir aussi les perspectives mondiales de la biodiversité 2020 publiées le 15 septembre).

Pékin, 25 ans après: Selon le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, les progrès en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes ont été gravement affectés par la Covid-19, car les femmes et les filles subissent des retombées sociales et économiques disproportionnées. Le 1er octobre, cette question et d’autres relatives à l’égalité des sexes et à l’autonomisation doivent être débattues aux Nations Unies dans le cadre du 25e anniversaire du programme d’action de Pékin, largement reconnu comme le plan le plus complet et le plus ouvert vers l’avenir pour faire progresser les droits des femmes et des filles. (La toute première Journée internationale de l’égalité salariale, le 18 septembre, sera consacrée à l’alignement des salaires entre hommes et femmes).
Curieusement, les agences de l’ONU pourtant importantes –parmi elles l’UNESCO, ont été reléguées aux sous-sols.

Celhia de Lavarene

Septembre 2020