Interview de Jean-Michel Wissmer à propos de son nouveau livre “La poupée Katchina - Une Genevoise en Amérique (1949-1950)”.
Q. Jean-Michel Wissmer, vous êtes l’auteur de trois livres sur le Mexique et, à présent, avec votre dernier roman, “La Poupée Katchina”, vous nous emmenez au ... Nouveau-Mexique!
R. Effectivement. C’est une contrée fascinante où la présence des mondes indien, espagnol et anglo-saxon a profondément modelé la culture et les mentalités. Mon voyage dans cette région m’a enthousiasmé, c’est un lieu magique. Mais le livre se déroule également à New York et dans d’autres États américains.
Q. A la recherche d’une poupée ?
R. Plutôt à la recherche d’une mère, celle du narrateur, et cette poupée est le fil rouge, le prétexte, pour redécouvrir l’Amérique.
Q. Qu’est-ce qu’une poupée Katchina ?
R. C’est une petite statuette en bois offerte aux enfants des tribus Hopi en Arizona pour leur éducation religieuse. Ces poupées représentent des danseurs qui, eux-mêmes, lors de cérémonies rituelles, incarnent tous les éléments de la création et du cosmos. Dans le roman, une petite fille d’un pueblo indien offre une poupée Katchina à Line, la mère du narrateur, et cette poupée devient sa confidente.
Q. Le sous-titre du livre “Une Genevoise en Amérique (1949-1950)” nous ramène à une époque où ce pays faisait vraiment rêver l’Europe.
R. Oui, c’est un moment passionnant de l’histoire des États-Unis. Pour un Européen - et dans notre cas, une Genevoise - l’Amérique était un Eldorado de nouveaux gadgets et d’inventions. Tout ce qui fait notre quotidien d’aujourd’hui (les supermarchés, le libre service, l’air conditionné, etc.) nous vient d’Amérique, et Line va de surprise en surprise.
Q. Comme toujours on se pose la question: qu’y a-t-il d’autobiographique dans ce livre ?
R. Et comme toujours l’auteur répond qu’il n’y a pas de fiction sans réalité. En fait, tout a commencé par la découverte inopinée des lettres que ma mère avait écrites à la sienne lors de son voyage aux États-Unis alors qu’elle était jeune mariée. Il me semblait que c’était un témoignage émouvant d’une époque, et ce fut le point de départ de mon inspiration.
Q. Il existe un autre niveau dans votre livre, sans doute le plus drôle, comme un récit à l’intérieur du récit : l’histoire de la recherche d’un éditeur.
R. Pour un auteur, il y a toujours trois étapes incontournables : l’écriture du livre, sa publication et sa promotion. S’il en manque une, pas de livre ... Se confronter aux éditeurs est une épreuve redoutable que j’ai essayé de retranscrire avec humour.
Q. Votre roman donne une large place à Genève, la cité de Calvin, qui semble avoir marqué votre mère.
R. Vous voulez dire “Line” ... Oui, on n’échappe pas à ses racines. Line a connu une ville très préservée et très influencée par le calvinisme. Aujourd’hui, les choses ont bien changé; c’est peut-être aussi un roman de la nostalgie.
Q. Des projets ?
R. Bien sûr. J’ai quelques embryons de romans dans mes tiroirs, en général inspirés par différents voyages (en Asie du Sud-Est; dans une île extraordinaire dénommée “L’île de Fer”, mais aussi au pays de ... Heidi !).
“La Poupée Katchina - Une Genevoise en Amérique (1949-1950)”. Éditions Slatkine, Genève, 2008.