SUR LA ROUTE DU CINEMA Par Dan Albertini LES EPAULETTES DE VERTIERES.

10 February 2014

LES EPAULETTES DE VERTIERES. Le film est un ictus amnésique causé par un rêve

prémonitoire interrompu, exposant autre que Pivot, une nouvelle dictée en incubateur.

Il a fallu le roman pour parchemin, l’histoire pour écritoire, la francophonie pour encre, une

Remington comme plume, pour écrire l’acte de hardiesse de la nouvelle Haïti. La référence

propose une citadelle et j’y crois. Curieux, on est au cinéma, les lumières s’allument. Je

parle en fait de siècle. Une voix, désinvolte, sortie de nulle part, marmonne en chanson. On

le reconnaît, Max Knoll sobre tel un théâtre, avance. Sa voix muette porte un correctif à

l’éloquence des académiciens de tout acabit. << Laferrière n’est pas une citadelle, c’est un

Windsor >>. Précise. << Windsor n’est pas un nœud, c’est Dany >>. Vertières est vivant, il

parle d’ailleurs. Une épopée, résolument épique la version II signée Laferrière.

Rassemblés sous un 70 mm, la tribune n’est l’aréopage, ce sont les Nations Unies qui

reçoivent un immortel. Remembrance of slavery. La table est mise, l’hôte y est installé :

dictée. Un zoom en plongée inclinée, l’image éloignée présente un homme. La scène, un flash

back, New York reçoit avec la signature légendaire d’un Haïtien, Léopold. L’hôte s’exclame :

<< Mes épaulettes je les ai gagnées sur le champ de bataille >>. Racines-échasses, signé

Laferrière. Les armes de la République, une dictée prémonitoire de passage. Laissez passer !

Le rêve

Qui peut me rappeler mon rêve et de son contenu, est prophète. Qui veut m’expliquer mon

rêve ? Je suis Daniel, pas celui biblique impliqué dans une affaire de rêve de roi en quête de

lumières. De Port aux Princes. Je rêve du souci économique de celle qui remplace Pivot, la

dictée sociologique de H-O. Carte Blanche par Dany Laferrière, l’épreuve de passage à Paris.

Dany entre sous un feu de projecteurs, l’histoire rotative se résume, proverbe : des racines

profondes et nombreuses, la guerre des mots. Des acteurs illustrant, jouent la médiocrité.

Point de départ. Jean Prophète n’est disciple ni du statut de son nom. Disciple, doctement non,

il ne l’est dans le contemporain, c’est-à-dire de la valeur du fer de lance, de l’illustre immortel.

Prophète est docteur en lettres, il simule la médiocrité, s’énerve, s’étouffe, les mots ne sortent,

il résiste. Il réussit à jouer le jeu du névrosé. Bon acteur, mais n’illustre pas l’illustre qui ainsi

gagne en lustre, prend la parole. La grande Assemblée le livre en gros plan sur écran géant. Sa

femme, discrète, préfère se mêler à la foule. Un témoin, journaliste adepte de l’observation,

il est dans les colonnes. Observateur, l’histoire est rapportée, elle se confirme une nouvelle

dictée dans la littérature de gallinacées, botanique aussi, racines-échasses prof... nombreuses.

Le film propose un second tableau, s’il n’implique l’universalité large du premier, il est plutôt

spécifique de choix, tel un zoom in d’une culture profonde visitée par une autre, les deux

partageant la même grande assemblée. Je ne sais pourquoi l’auteur a choisi ce nouvel étalage,

un restaurant tamisée, non pas Bollywood, mais carrément indoue des castes, l’image est

psychédélique. L’odeur, pas du café, du curry au poulet grillé, caméra obscura qui dénonce

de l’intérieur, dissimulée sous demi-lune de lumière inversée. Rouge des années 60’ d’avant

Alpha Color. L’étranger qu’on voit arriver tombe directement dans le piège. L’ambiance,

une sorte de transition vers le nirvana. Passage qui amène l’illustre accompagné : femme et

éditeur. Le rouge devient non pas caravagiste, mais Rembrandt sous le boisseau d’une lampe.

Exclusif, ambiance d’initiés que je traduis aujourd’hui par sélect. Le luxe est convoqué, son

symbole, une Mercedes Benz quadra motion s’est garée juste en avant. Un homme, riche,

descend en compagnie d’une beauté giraffidae, un short drink dit-elle au bar. C’est-à-dire

lancé d’un coup, elle s’émancipe immédiatement. L’homme, Erick est entrepreneur, il a le

flair dit-on. Il décide de créer une rareté sur la place du marché. La dictée des ouvrages de

l’illustre font le jeu du butin de guerre. Vertières évaluée économique. Il la remettra plus tard

en circulation, mais plus tard la nuit tomba et il lança une invitation : dictée en Griots gradués.

L’épopée épique

Le lendemain arrive, un 3ième

étage Rockefeller Plazza I, la délégation générale d’un état conspué en république imaginaire,

non pas de l’imaginaire des Haïtiens d’Haïti. La caméra obéit à une régie. Non, elles sont

deux. L’une est un gros plan intérieur, l’autre, panoramique, une rue distance lunaire. Une

grande vedette de l’antenne est chef de délégation, ce sont les retrouvailles, elle connaît

Da. La rencontre est d’un autre passage, tels trois héros de la rigueur. Dany dans la pensée,

Dominique dans l’entrevue, Léopold dans l’édition. Une expression de la veille revient avec

autorité, plus précise. Carte Blanche. La scène en rétro, les débuts professionnels font défiler

un jeune couple dans une vieille Ford. Il se trouve un emploi à mille lieux du lit. Il obtient

Carte Blanche. Désormais, l’expression érectile de la nouvelle dictée. Ah, la Dictée H-O,

le rêve me revient. Séquence, Paris flirt avec un monument dans un livre, il lutte contre la

dictature qui torture, efface, tue. Résilience. Deux témoins encore vivant, Dany, Léopold.

La mission n’est encore accomplie, laisse glisser l’illustre, Léo avait raison. Continuité

revêt alors un autre sens dans cette dictée qui prévoit l’invasion des Haïtiens à l’Académie.

Cromwell aussi. L’autre, Dominique, une habitude de rigueur en interrogeant des faits.

Comment ? Ça a su franchir l’espace, la performance est haïtienne. L’économie de Vertières.

Pourquoi Pivot se perdrait dans la dictée ? Josaphat Robert Large…

La grammaire a ses règles, raconte Leconte. Mais, les règles ne font pas de grammaire sans

histoire. Bémol de Knoll à l’académie. Il chante l’intimité de ti manman chéri. Intimité

prend un autre sens dans une dictée recalibrée par rapport à une cécité séculaire. Elle intègre,

transition de passage, rétention de passage à une culture d’immortels. Large-Kénol polarise :

Écrivain en Pyjama, double monologue, dialogue confus, non, échos, pas cognitif. Pivot

est une dictée artisane, tandis que Laferrière maître d’œuvre, fait des héritiers. Dynamisme

d’ingrédients sociaux. Revanche s’écrit à l’oral. ti kozé. Nuance absente chez Pivot, chez Sing

Ming, une absurdité. H-O l’inscrit en lettre d’or : Carte Blanche Dany Prince immortel !

N’allez croire à une épargne de l’intelligence, en allant sans y aller je spéculais. Absolument

pas, d’ailleurs Pivot existe. Il a fallu le lui reconnaître. Si sa dictée est en dimension vague à la

dérive douce pour langue morte, Vertières néanmoins est une dictée dynamique qui fracasse

la certitude du prochain mot chez le curieux, un cyclone à venir. Renferme une littérature de

gallinacée au grand dam de Roland la Panique. Car, derrière ti coq il y a une valeur réelle,

une symbolique, une concrète. Une ergonomie de la langue où, passage-Vertières s’oppose à

Bastille. Seul Haïti sait livrer. Max Kénol l’a simulé comme une hypermnésie.

Merci d’y croire !

tableau, beaucoup plus ensoleillé. La scène est surélevée, 26ième

dan@danalbertini.com