« Yémen, mon beau pays » À travers l’objectif révélateur d’Amira Al Sharif
Dans le cadre du « Mois du film documentaire novembre 2024 », la médiathèque de Vernon, située non loin de Giverny, village immortalisé par Claude Monet, accueille une exposition remarquable intitulée « Yémen, mon beau pays ». Cette exposition présente une collection de photos de la photojournaliste franco-yéménite Amira Al Sharif, dont l’œuvre est ici mise en exergue.
Entre ombre et lumière, transcendent la photographie traditionnelle ses photos racontent des histoires tissées de résilience et de beauté brute ; ils offrent un autre regard sur cette terre ancestrale où chaque visage semble porter en lui toute l’intensité du monde. L’artiste Amira Al Sharif souhaite partager la splendeur des paysages yéménites, les nuances époustouflantes et ces moments éphémères figés par son objectif. « Le Yémen est une source d’émerveillement ; à travers ces images, je désire vous faire découvrir ses vues et ses couleurs saisissantes, ces instants volés au temps. C’est avec une intense émotion que je vous invite à découvrir « Yémen, mon beau pays ». Ces photographies résonnent avec la beauté et l’intimité des scènes de mon pays. Chaque image est un fragment de mon âme capturé et offert à votre regard. Je nourris l’espoir que ces œuvres susciteront chez vous l’affection que je porte à ce pays si cher à mon cœur », exprime-t-elle avec ferveur.
Le temps d’une escale à Vernon, là où les nymphéas reposent encore dans leur berceau impressionniste, Amira Al Sharif nous invite à contempler le « Yémen » sous un prisme nouveau, celui de son amour indélébile pour sa patrie meurtrie mais majestueuse, où se mêlent passion et vision personnelle, donnant vie à ses compositions captivantes. Un périple singulier au fil des images capturées, par celle, qui sait faire parler la lumière même dans les recoins les plus sombres.
Cette artiste visuelle a regagné, avec sa famille, les terres yéménites de ses ancêtres en 1990, en pleine tourmente de la guerre du Golfe. Depuis sa tendre enfance, à la Mecque, où elle est née en 1982, elle se montre captivée par l’art de la photographie, un intérêt suscité par un présent paternel inestimable : un appareil photo qui deviendra son inséparable compagnon. Son travail documentaire, mené au Yémen, s’attache avec délicatesse à explorer le quotidien et à sonder l’âme de l’existence. À travers son objectif, elle parvient à révéler les facettes méconnues d’un Yémen baigné de lumière, tout en portant un témoignage poignant sur la résilience des femmes en période de guerre civile. Elle sillonne les régions écorchées par les conflits, là où elle prête une voix aux femmes yéménites. Grâce à ses clichés empreints de puissance, elle saisit et immortalise leur ténacité face à l’adversité.
En s’immergeant au cœur du Yémen, son œuvre documentaire jette une lumière inédite sur le quotidien et son essence, saisie à travers l’objectif de son appareil photographique. Elle révèle les facettes méconnues de ce pays, notamment une résilience éclatante, particulièrement incarnée par les femmes en pleine guerre civile. Sa mission consiste à témoigner des réalités des zones dévastées par le conflit, tout en donnant une voix aux Yéménites dont la ténacité émerge au sein de l’adversité. Cependant, en 2018, une arrestation sur la ligne de front provoque un changement abrupt dans son parcours. Contrainte d’abandonner le terrain de ses reportages, elle se voit obligée de poser ses valises en France.
Lorsque l’on émerge de cette plongée photographique au cœur du Yémen, l’indifférence n’a plus sa place face à la force évocatrice des images et des témoignages qui nous ont été révélés. L’exposition « Yémen, mon beau pays » transcende la notion de simple galerie d’instantanés ; elle se présente comme une lucarne entrouverte sur l’âme d’une nation, un hymne à la résilience de ses habitants et à leur quête de beauté au sein des ruines laissées par la guerre.
Les portraits de femmes yéménites, saisis avec une délicatesse et une acuité exceptionnelle, nous confrontent à une réalité bien souvent occultée. Ces visages racontent des histoires humaines d’une profondeur et d’une complexité insondables. Ces femmes, piliers de leurs communautés, tissent inlassablement des fils d’espoir dans un pays meurtri par les affres des conflits. Leur persévérance et leur bravoure suscitent l’admiration et appellent à une reconnaissance qui devrait franchir les barrières géographiques et culturelles. Ainsi, cette exposition ne se contente pas d’immortaliser des fragments de vie ; elle est un vibrant plaidoyer pour la dignité et l’héroïsme au quotidien de celles qui, dans l’ombre, façonnent l’avenir d’une terre à la beauté éclatante, mais aux cicatrices béantes.
L’exposition « Yémen, mon beau pays » constitue un témoignage émouvant d’une grande beauté. Car si les images se capturent en un éclair, les récits qu’elles dévoilent et les évolutions qu’elles suscitent continuent de résonner bien au-delà de l’instant figé. Avec le temps, et à juste titre, cette œuvre a été couronnée par une pléiade de distinctions honorifiques, venant récompenser l’engagement et le talent de son auteur. Des institutions de renom ont soutenu son travail artistique.
Mais son influence ne s’arrête pas là ; ses reportages ont retenti au sein de médias d’envergure, parmi lesquels Arte TV, France 24 ou encore TV5 Monde, pour n’évoquer que ceux-ci. Ses photographies ont été diffusées à travers diverses publications, y compris Hemori et Panorama, et ont été mises en lumière dans des articles du Parisien et de Sampsonia Way Magazine, sans oublier les ondes de Radio Argenteuil et la plateforme Forces et Talents. Son impact a même atteint l’enceinte de l’hémicycle français : citée par la Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation (DGRI), son œuvre trouve un écho jusqu’aux oreilles des législateurs. Un parcours exceptionnel pour celle qui continue de jeter la lumière sur le monde à travers les histoires saisies derrière le voile du conflit.
Récemment sollicitée par la Mairie de Paris, elle s’est vue offrir l’honneur de participer à la relève de la flamme olympique, lors d’une cérémonie prévue pour le 15 juillet 2024. En effet, son engagement et sa contribution notables à la vie sportive locale n’ont pas échappé à l’attention des organisateurs. Ainsi, ils lui ont confié le rôle emblématique de porteuse de flambeau.
Fatima Guemiah.