La Russie a mis son veto au projet de résolution soutenue par Londres, Washington et Paris, qui proposait la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17. Ce tribunal était voulu par les cinq pays qui mènent l’enquête sur le crash (Malaisie, Pays-Bas, Australie, Ukraine et Belgique).

31 July 2015

Onze votes pour, trois abstentions –Chine, Angola et Venezuela- et un veto Russe: il n’y a pas eu de consensus au sein du Conseil de sécurité sur le projet de résolution déposée par la Malaisie, qui prévoyait la création d’un tribunal international chargé de juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine le 17 juillet 2014. Si les membres du Conseil s’attendait à un veto Russe, il a néanmoins provoqué la consternation parmi les pays qui avait voté en faveur d’un texte qui aurait obligé tous les Etats à coopérer avec le tribunal, sous peine de sanctions.

En début de séance, le ministre des Affaires étrangères Néo-zélandais, Murray McCully, avait demandé que le Conseil observât une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash. Le ministre malaisien des transports, Dato Sri Liow Tiong Lai s’est montré particuliérement déçu à l’issue du vote. Il considère que le Conseil a envoyé un dangereux message d’impunité à d’éventuels terroristes qui voudraient s’attaquer aux avions civils. “Tous ceux qui voyagent par avion courront davantage de risques, a-t-il déclare. Il a précisé que l’enquête indépendante avait été effectuée et que le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête, pour dépolitiser l’enjeu » a pour sa part, affirmé Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »

D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines, aurait été probablement tiré d’une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes, à l’est de l’Ukraine. Vitali Tchourkine, le représentant Russe a plaidé la bonne foi de son pays, qui, a-t-il dit a procuré « des données satellites » aux néerlandais, et aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique.

Vitali Tchourkine a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais a réaffirmé que la création d’un tribunal “n’était pas du ressort du Conseil” et qu’il valait mieux attendre les conclusions de l’enquête.

Julie Bishop, la ministre australienne des affaires étrangères dont le pays a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée très virulente envers la Russie. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. Il ne devrait jamais être autorisé quand il est une entrave à la justice.
Pour François Delattre, le représentant français, “Ce veto marque un grave échec pour le Conseil. Il ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute d’avoir pu se mettre d’accord sur la creation d’un tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».

Célhia de Lavarène
New York, 29 juillet 2015